
Ces choses que j’ai apprises lors de mon premier flirt
Je souhaite commencer cet article en m’excusant publiquement auprès de mes amies. Oui, je suis une grosse hypocrite. J’ai passé toute mon adolescence et les premières années de ma vie d’adulte à vous dire que « men are trash », pour finalement donner de l’attention au premier venu. Pour ma défense, je tiens à dire que les choses sont plus compliquées qu’il n’y parait. Je traversais l’une des périodes les plus difficiles de ma vie (je suis toujours dans la m*erde jusqu’au cou d’ailleurs, j’sais pas pourquoi je fais genre là) mais, heureusement, le truc cool quand on aime écrire, c’est que les traumas (et les dramas) font souvent de très bons articles. Voilà la raison pour laquelle nous nous retrouvons ici à évoquer ces quelques leçons que j’ai tirées de mon premier « flirt ».
Reprenons cette histoire du début : avril 2022, je suis triste, je souffre, blablabla, on connait la chanson. Cependant, tordue et têtue comme je suis, j’ai préféré totalement ignorer l’état pitoyable de ma santé mentale et physique en cherchant d’autres problèmes ailleurs ! Ainsi, plutôt que de voir les choses en face et d’admettre que je voulais sauter d’un pont, j’ai préféré blâmer la routine et l’ennui. Et quelle meilleure manière de s’occuper que de s’inscrire sur une appli de rencontre et de swiper des profils d’hommes âgés de 18 à 25 ans ? Absolument aucune ! C’est donc ce que j’ai fait.
« Qu’est-ce que j’ai à perdre de toute façon ? Au mieux, je me trouve un mari et au pire, j’ai de quoi écrire un article », c’est ce que j’ai dû répondre à Imani, la rédactrice en cheffe, pour justifier ma bêtise.
Je comprends un peu plus son étonnement aujourd’hui avec le recul : j’ai toujours crié que je détestais les hommes, que je détestais l’amour et que je n’étais absolument pas à un stade de ma vie où je devais me préoccuper de ce genre de problématique. Je n’hésitais pas à dire à toutes les filles de jeter leur copain, voir leur mari « parce qu’ils ne servent à rien à part nous causer des problèmes de toute façon ». Et pour parer les potentielles tentatives d’approches de ces messieurs, j’avais une longue, très longue, liste de critères que mon prétendant se devait de remplir. En gros, moi, sur une appli de rencontre ? Mauvais délire.
Leçon 1 : si vous aussi vous vous ennuyez, faites un puzzle, appelez votre grand-mère ou prenez des cours de yoga. N’allez pas vous inscrire sur Tinder (ou toute autre appli du démon) sous prétexte que vous vous ennuyez. Le mot prétexte étant ici le mot-clé ; parce que oui, mon excuse était totalement bidon !
Il m’a fallu du temps pour comprendre vraiment ce que je voulais et ce que je cherchais, encore plus de temps pour l’admettre. J’ai au moins eu le mérite de comprendre assez tôt que je me mentais à moi-même et que je n’étais pas « là » seulement pour tromper l’ennui. Les choses sont tout de même restées floues un petit moment, jusqu’à ce que je match avec « lui ».
– Disclimer : je l’ai écrit comme ça que pour l’effet dramatique, cet être est profondément insignifiant. Et si vous ne l’aviez pas déjà compris, cet article est une analyse sociologique sur les dynamiques des rapports entre hommes et femmes à la sex and the city, pas une love story –
Reprenons donc, « lui » : un être humain avec de la barbe et des chromosomes XY. Banal. Malin cependant, c’était déjà pas mal. Nous avons donc commencé à discuter un peu, puis beaucoup. Au début, c’était drôle et intéressant. On avait une vision des choses et une manière de réfléchir assez similaire, c’était cool de discuter avec un nouvel être humain. Monsieur avait un super sens de l’humour en prime. Intelligent et drôle donc, le combo parfait pour m’occuper.
J’ai vite été honnête avec lui, mais j’ai surtout vite été « moi ». Pourquoi ? Je n’en suis pas trop sûre, même maintenant. Je partais d’abord du principe qu’en étant honnête, il le serait aussi. C’était également le moyen de savoir s’il serait en mesure de suivre la cadence, de me comprendre ou encore de me supporter. Ce filtre qu’on s’impose assez logiquement face à des personnes que l’on connaît peu, je ne l’avais pas. J’ai même été « méchante » dans le simple but d’observer sa réaction et son comportement à mon égard.
Un peu toxique comme manière de fonctionner, je suis d’accord. Je me servais de lui pour prendre la température, et pour mieux comprendre mon rapport aux hommes alors même que j’ai toujours prétendu vouloir m’écarter d’eux le plus possible.
En fait, plus que de tromper l’ennui, je cherchais aussi à mieux me comprendre. J’ai toujours eu une idée préconçue du couple et des hommes, idée forgée par les expériences des autres. J’ai observé mes copines, mes tantes (et tous les témoignages qui traînent sur les réseaux sociaux) pour en tirer mes propres leçons. Ma conclusion : la majorité des femmes sont des victimes de la conception ridicule du couple promu par notre société sexiste et misogyne. Pour moi, il était impossible qu’une femme sorte d’une relation gagnante si elles n’avaient pas auparavant déconstruit son rapport aux hommes, si elle ne savait pas précisément ce qu’elle recherchait, si elle n’avait pas établi des limites claires et, plus important encore, si elle n’était pas capable de respecter, ou plutôt, de faire respecter ses limites au type assis en face d’elle.
Je souhaitais savoir si ma manière de penser resterait la même et si j’étais en mesure de rester fidèle à mes principes. En bref, il s’agissait de savoir si j’avais tort ou raison, si ma liste à rallonge de critères était valable ou non, si mon regard était assez aiguisé pour repérer les fameux red flags ou si, on contraire, moi aussi, je finirais par « tomber dans le piège ».
Et honnêtement, tout allait plutôt bien au départ ! On discutait super bien. J’aurais presque pu dire que c’était un « pote » si les choses n’étaient pas si ambiguës. De plus, je savais pertinemment que je ne souhaitais pas être en couple, ni avec « lui », ni avec un autre.
Néanmoins, les choses ont commencé à partir un peu en vrille en mon côté, vous vous en doutez ; parce que ce n’est pas drôle sinon, n’est-ce pas ? Plus je lui parlais, plus j’étais perdue. Encore pire, plus je me perdais moi-même. Mon cœur de pierre et moi avons donc fini par tomber super bas !
Leçon 2 : nous sommes « toutes les mêmes », nous vivons les mêmes choses, nous avons toutes été éduquées de la même manière, en regardant les mêmes séries et en ayant les mêmes figures de représentation. Le conditionnement est encré et profond. Être déconstruite ne suffit donc pas (toujours) à sauver ses fesses malheureusement. Et puis qui peut prétendre être entièrement déconstruit ? Pas moi en tout cas ; mes critères, mes principes et moi, on s’est bien voilé la face ! De plus, le fait d’être déconstruite ne signifie pas être infaillible : une femme déconstruite peut blesser, être blessée ou pardonner une erreur de son partenaire, ou non.
Au bout d’un mois, j’écrivais déjà de gros pavés dans mes notes pour ensuite les lui envoyer et je frôlais la crise de nerfs (ou la crise existentielle) à chaque fois qu’il prenait plus de deux minutes pour me répondre. Tout ça pour un type qui n’avait même pas fait l’effort d’enregistrer mon numéro. « Qu’est-ce que t’as à perdre ?! Ta dignité idiote ! » , voilà ce que j’aimerais dire à la moi qui s’est inscrite sur cette application.
Parce que si mon cœur, lui, s’en sort sans aucun dommage ; je peux clairement dire que mon ego est en miette (enfin, non, j’exagère, mais vous avez compris.) et tout est entièrement de ma faute. J’ai brisé mon propre ego !
J’ai toujours prôné l’introspection et l’amour de soi parce que j’étais intimement convaincu que cela permettait d’éviter les situations dangereuses. J’ai vu plusieurs femmes subirent leur partenaire et leur relation parce qu’elles étaient convaincues que, sans leur conjoint, elles n’étaient « rien », celui-ci étant le seul en mesure de leur donner de l’amour et de l’affection. J’ai pris des années à construire des théories faites de « il doit » et de « il ne doit pas » pour me protéger ; j’ai construit des murs en titane pour être sûre que personne ne puisse jamais me blesser. Et malgré tout ça, les choses ont fini par foirer.
Pire encore, j’ai découvert que j’étais la seule et unique personne toxique pour moi. Ces murs n’étaient pas là pour me protéger, mais plutôt pour cacher toutes ces idées, tous ces discours « pro-couple » que je critiquais ouvertement avec mes mots alors même qu’ils semaient le doute et la confusion dans mon cœur et dans mon cerveau.
Comment ai-je pu passer mes soirées à dire à mes copines que l’attention d’un homme ne définissait aucunement ni leur valeur, ni leur beauté, ni leur intelligence, pour ensuite m’inscrire sur une putain d’application et laisser ces mêmes hommes définirent ma propre valeur ? Comment ai-je pu prétendre tester un homme, alors que la seule et unique personne que je testais, c’était moi ?
« Lui » était juste le moyen pour moi d’affronter tous mes complexes et toutes mes peurs. C’est la manière que j’avais trouvée pour savoir si ces choses que la petite voix dans ma tête me répétait sans cesse étaient valides et si toutes mes pensées limitantes étaient légitimes. Il s’agissait pour moi de savoir si « j’en valais la peine », si j’étais assez bien. En d’autres termes, j’ai (failli) laissé un homme déterminer ma propre valeur parce que je n’étais plus en mesure de me convaincre et de me rassurer moi-même.
En réalité, je connaissais cette partie de moi-même ; j’avais conscience de mes doutes et mes craintes mais j’ai étrangement toujours su m’en sortir sans prendre en considération l’opinion des autres, en tout cas, jusque-là.
Chose terrifiante : ce n’est pas uniquement de ma faute si j’en suis arrivée là. Je m’explique : il aura simplement fallu qu’un évènement un peu triste ou plutôt tragique, mais là n’est pas la question vienne bouleverser le cours de ma petite vie pour que les remarques sur le ✨ mariage ✨se mettent à fuser. J’ai donc fini par ressentir une pression énorme sur mes épaules au point de croire que seul un homme pourrait m’aider à m’en sortir. ; et cela alors même que je savais que je n’étais pas prête pour ça.
Je n’ai donc pas fait tout ça parce que je m’ennuyais mais parce qu’il devenait de plus en plus difficile de me supporter moi-même, chose à peu près normal quand tout ne va pas pour le mieux. Ainsi, alors qu’on me faisait comprendre que « l’amour » et le soutient d’un homme m’aiderait à oublier ma peine, j’en ai donc déduit que ce même amour me permettrait aussi d’oublier cette certaine vision que j’avais de moi-même. Inconsciemment, je cherchais donc un sauveur, un « monsieur parfait » en mesure de gérer ma vie à ma place parce que moi, j’en pouvais plus, mais aussi parce que c’est ce que j’entendais autours de moi !
Leçon 3 : parfois, nos pensées et nos désirs peuvent être motivés par des sentiments dont on ignore l’existence. Pire encore, ces pensées et ces désirs peuvent être nourri par des récits qui ne sont absolument pas les nôtres. Donc, non, je n’ai pas besoin d’un prince charmant pour être sauvé. Je finirai bien par m’en sortir seule.
Un autre aveu (pour aggraver mon cas) : ce fameux « lui » était carrément NUL ! Enfin, il n’était pas « pour moi ». À cause de la distance, je n’ai pas directement eu l’occasion de rencontrer cette personne directement. Nous nous sommes donc beaucoup écrit et, plus je lui parlais, plus je découvrais que nos valeurs n’étaient pas les mêmes. Je savais pertinemment que ce garçon n’était pas « l’homme de ma vie ».
J’ai pourtant continué et persisté ! J’ai fermé les yeux sur chacune des bêtises qu’il me sortait jusqu’à ce que l’image que je me faisais que mon monsieur parfait vole en éclats. Ayant souvent entendu que j’étais trop difficile, trop idéaliste et trop naïve, je pensais que ses remarques et ses actions étaient « normal », que personne n’était vraiment parfait, et que notre complicité excusait tout ça. J’ai accepté des situations qui me mettaient mal à l’aise ainsi que son manque d’effort et son manque de considération alors que lui se complaisait parfaitement de la situation.
« Et si tu ratais quelque choses de bien ? » , voilà ce que je me répétais dans ce moment. Plot twist final : si j’avais arrêté de lui parler plus tôt, la seule chose que j’aurais ratée aurait été un « rendez-vous » (et non, ce n’était pas un date) au McDo et une disparition un peu soudaine par la suite. Parce que oui, « Lui » a fini par me ghosté juste après notre première et unique rencontre in real life…
Leçon 4 : connaissez-vous et fixer vous vos limites. Non, vous n’exagérerez pas. Et s’il est admirable de faire des concessions, vous serez peut-être amené à croiser des gens qui ne souhaiteront pas vivre la même chose que vous. Si vous sentez que vous êtes la seule à en faire, des concessions (je déteste ce mot d’ailleurs), c’est sûrement parce qu’il ne s’agit pas de la bonne personne pour vous.
Leçon 5 : ne soyez pas vexé lorsqu’un homme ne s’intéresse pas (ou plus) à vous : ce n’est pas parce que vous n’êtes pas assez bien pour lui, mais plutôt parce qu’il sait qu’il n’obtiendra pas de vous ce qu’il recherche. Il n’y a absolument pas de mal à ça. Comme dit dans ma série Netflix du moment (Mes première fois, courrez regarder cette série si vous aussi, les hommes vous font faire des trucs de barge) vous n’êtes pas « trop » et vous êtes toujours assez bien pour les bonnes personnes.
C’est donc sur ce magnifique petit rappel que l’article s’achève ; vous en savez plus sur moi que certaines de mes copines maintenant ! Et si, vous aussi, vous avez vécu une histoire d’amour, qu’elle soit belle ou moins belle ou carrément merdique, j’espère que cet article vous encouragera à faire le point et à clarifier vos intentions.
Parce que, leçon bonus : l’amour d’un homme n’est pas la seule forme d’amour qui existe. L’amour d’un père, d’une mère, d’une sœur, d’une amie ou encore l’amour de soi sont tout aussi, voir plus importants encore. Les films qui parlent d’amour, les chansons qui parlent d’amour ne sont pas les seules qui existent. Écrivons plutôt nos propres histoires parce qu’il n’y a rien de mieux pour se soigner. Et les princes viendront quand ils viendront !
Quant à « toi », je tiens à te dire merci d’avoir swiper à droite et merci de m’avoir ajouté sur Instagram. Merci de m’avoir prévenu que ton plan cul était revenu et merci de m’avoir fait comprendre que tu nous garderais toutes les deux parce que tu n’avais rien à y perdre et tout à y gagner. Merci pour le menue McFirst que tu m’as payé, merci de m’avoir changé les idées aussi. Merci de m’avoir écouté parler de la peluche Disney que je voulais et de m’avoir dit « qu’on était toute pareil, que toutes les filles la voulaient y compris ton fameux plan cul ». Finalement, ma meilleure amie me l’a offert ! Merci de m’avoir dit que j’étais « trop », que je parlais « trop » et que je réfléchissais « trop » et qu’il faudrait que « je travaille sur ça » ; parce que je sais maintenant que je ne changerai jamais, surtout si ces traits de personnalité me permettent d’éviter de côtoyer des tocards comme toi. Merci de m’avoir ghostée sans jamais m’expliquer pourquoi. Et enfin, merci de m’avoir appris tout ça. En espérant que tu ne lises jamais cet article. Adieu et bon courage bouffon.