Pourquoi est-ce qu’on aime tant les antagonistes ?

Le film du Joker, sorti en 2019, m’a réellement bouleversée. Ce thriller psychologique nous plonge dans la peau d’un homme souffrant de troubles mentaux le poussant, notamment, à rire fréquemment, sans la moindre envie, souvent lorsqu’il stresse ou angoisse. Il est sans arrêt moqué, violenté, et jugé, pour sa maladie. Pourtant et malgré une tristesse irréfutable, il rêve de devenir humoriste, sa mère lui ayant donné pour mission de « donner le sourire et de faire rire les gens dans ce monde sombre et froid ». Ce film présente une perspective unique sur la maladie mentale et sur les fléaux qui habitent les parts d’ombres de notre société. Une société qui prend peu ou pas du tout en charge les personnes atteintes d’un handicap mental. Société qui a construit la haine de l’antagoniste en ayant tendance à marginaliser ceux qui ne sont pas en conformité avec les autres et en en faisant de véritables monstres. L’histoire nous plonge donc dans la dégradation de l’esprit de celui qui deviendra le Joker. C’est à partir de ce film, que j’ai compris pourquoi j’avais tant de compassion et d’amour pour les anti-héros de nos films préférés. En effet, on s’attache au fur et à mesure du scénario à un homme qui n’a jamais été aidé, à qui personne n’a tendu la main et qui ne trouve sa place qu’en construisant un mouvement contestataire et en devenant le Joker, qu’on connait aussi sous le surnom du « dangereux psychopathe » ou « du fou », choisissant ainsi d’assumer son handicap mental et d’en faire sa marque de fabrique. Sa différence qui lui a valu moqueries, et dépression, il en a fait son super pouvoir. L’insensibilité face à laquelle il s’est retrouvé toute sa vie, va construire son état mental, et il va devenir le célèbre meurtrier, qui ne ressent rien, ou au plus que du mépris pour le genre humain. C’est un thème fréquent dans l’univers noir des DC COMICS, on peut le voir avec Batman, qui est aussi un héros à la réflexion très contrasté. On comprend ce personnage paradoxale lorsqu’on découvre son vécu.

Pourtant, le premier personnage antagoniste auquel je me suis attachée sortait tout droit d’un disney. En effet, je me suis prise d’amour pour Maléfique, qui après une rupture amoureuse des plus cinglantes, une trahison, qui a complètement brisé son âme, et lui a prit ses ailes (dans le sens propre comme le sens figuré), est devenue la sorcière sans coeur que nous connaissons tous. Loin des figures féminines des Disney, où les gentilles petites princesses semblent dénués de tous défauts, de toute personnalité, voire identité, Maléfique se démarque des autres personnages par son vécu, et la rancoeur qu’elle a encore contre l’homme qui l’a blessée. N’était-ce pas propre à l’être humain ? Est-ce que ce sont nos qualités, ou nos défauts qui font de nous des êtres singuliers ? Ce paradoxe entre la haine, l’amour, le pardon, la vengeance, ne nous définit pas en tant qu’Hommes ? Je me suis reconnue dans l’histoire de Maléfique parce que ce sont les trahisons, les peines et les « méchants » de mes histoires, qui ont construit mon identité. En effet, ils ont fait ma force. Je ne serais pas celle que je suis, si je n’avais pas eu mal, et si je n’avais pas fait mal. Pourtant, malgré cette haine qui semble presque définir cette antagoniste, on la voit aimer si fort, si sincèrement la princesse du film, qu’elle va jusqu’à considérer comme sa fille. Ce qui m’emmène à vous demander, est-ce que les personnages « méchants » de nos films, ne sont pas les personnages les plus vrais, les plus authentiques, ceux qui certes détestent le plus sincèrement, mais aussi aiment le plus sincèrement ? Ils ne se cachent pas derrière une image dorée, presque parfaite, d’eux-même mais assument leurs imperfections, leur part d’ombre. Ils ressentent les choses avec profondeur, et vivent avec passion, sans même se soucier des autres. Cette passion, cette sincérité assumée, est parfois beaucoup plus prenante que les personnages « gentils » qui à côté, semblent presque vides, dénués de toute personnalité, parce que cherchant sans cesse à coller aux normes, à être appréciés. On peut le voir aussi avec les personnages de séries comme Blair Waldorf (Gossip Girl), Gabrielle Solis (Desperates Housewives), Rachel Gatina (Les Freres Scott), qui font des choix peu scrupuleux, mais qui les font toujours avec une passion, et une grande sincérité, voire sensibilité, ce qui les rend d’ailleurs très attachants.

J’ai aussi pour personnage coup de coeur, le personnage de Harley Quinn, qui d’abord psychologue, devient psychopathe, et ce par amour. Tout son univers dégringole lorsqu’elle rencontre le Joker, et l’intensité de la passion qu’elle ressent pour le Joker, va définir toute son identité, elle va faire les choses, avec une telle ferveur, et devenir un des personnages les plus puissants. Ce qui fait d’elle, un personnage qui semble apathique est en fait, l’amour. En plus de son côté badass, et bad bitch, qui fait son charme, elle a une certaine sensibilité quand il s’agit de l’homme qu’elle aime et ce petit paradoxe, je le trouve fascinant.

Dans les personnages qui ont dégringolé du mauvais côté, et pour qui le vécu a définit leur identité, il y a Cruella. Dernièrement (re)découverte dans le film, j’ai totalement succombé à son charme. Par son talent, son sens stratégique, et son intelligence, elle devient une créatrice renommée. Alors que, d’abord critiquée, enviée, jalousée, et sans cesse rabaissée. Elle découvre très vite que dans le monde de requin qu’est la mode, pour se faire de la place, il faut y aller au culot, quitte à sortir des cases et ne pas respecter les règles. La grande différence entre les personnages qui sont du « mauvais côté » et ceux qui sont du « bon côté », est un certain réalisme auquel s’attachent les anti-héros. En effet, ils semblent plus conscient de la réalité, et après avoir subit les conséquences d’une société qui les a malmenés, ils ont décidé de se retourner contre cette société, et de se servir des mêmes armes qui les ont mis à terre, pour prendre les reines. Leur manière de voir la vie est certes assez pessimiste, elle n’en est pas pour le moins fausse.

C’est ce qui a permit à La Casa De Papel, cette série qui a fait du bruit, à peine sortie sur netflix, de devenir un véritable classique sur la plateforme. En effet, les personnages, sont tous en marge de la société, ils font preuve d’un certain réalisme face à leur vie et à ce qu’ils peuvent devenir. Ils décident de changer la donne, et de se servir du système à leur guise, en cambriolant la banque d’Espagne. Un acte qui va devenir un réel symbole d’espoir, pour les espagnols, dans le film, mais aussi dans le monde entier, dans la vraie vie, comme le montre ce reportage. En effet, les antagonistes ont ce don pour renverser le pouvoir, et les personnes qui pensent que de par leur différence, leur vécu ou leur place dans la sociétés, ne peuvent pas réussir, réalisent qu’elles sont capables de réaliser leurs objectifs, et de contrer cette société qui parfois nous malmène, tout simplement en sortant des cases et en ne suivant pas toujours les règles.

 

 

L’histoire n’est pas faites par ceux qui suivent les règles

 

 

Après avoir étudié et travaillé dans le domaine de la communication, Imani décide de transformer son rêve de petite fille en vision : Créer un magazine papier et digital qui deviendrait l'accessoire indispensable des femmes qui veulent conquérir le monde. Le but ? Inspirer et accompagner les femmes dans la réalisation de leurs rêves, et dans leur propre cheminement personnel.

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